J’ai fort apprécié le co-voiturage avec Pierre Dieudonné paru dans les colonnes d’Autohebdo, parce que j’ai bien connu Pierre lorsque je suivais en tant que journaliste le Championnat d’Europe des Voitures de Tourisme (de ’82 à ’88) dont les 24 Heures de Spa constituaient la tête d’affiche !
Grande fut ma surprise de lire au sujet du ‘virage vers le tourisme’ que ‘j’ai commencé en gagnant à Spa en 1974 et 1975 avec les BMW Luigi’. C’est vrai que Wikipedia signale toujours le nom de Dieudonné à côté de ceux de Xhenceval-Peltier (1974) et Xhenceval-de Fierlant (1975). Or, Pierre n’a pas piloté en course les voitures victorieuses de ces deux éditions de la classique spadoise où son unique résultat ’’effectif’’ au sein du Luigi Racing est la 10ème place en 1974 avec Hughes de Fierlant et Marc Demol ; l’année suivante en effet, il est arrivé au circuit – de retour de Grande-Bretagne où il s’était aligné en F3 – juste après le dramatique accident ayant éliminé la BMW d’Alain Peltier et Marc Demol.

Jusqu’en ’81 pourtant, le RACB, alors encore organisateur des 24 Heures, reprenait toujours son nom sur le palmarès. Aussi, quand cette année-là Pierre s’est imposé avec Tom Walkinshaw sur la Mazda RX-7, il n’a pas manqué de préciser à la presse que c’était sa première victoire! En effet, afin d’être qualifié en tant que… réserviste, il figurait bien sur les listes de départ en ‘74 et ’75; mais après l’arrivée, l’organisateur a chaque fois oublié de zapper son nom comme 3ème pilote! Heureusement, en ’81, les quotidiens puis plus tard les magazines spécialisés ont donc bien évoqué la première victoire de Dieudonné en précisant cette erreur dans les classements.
“Lorsque j’ai commencé à travailler au RACB et que j’ai endossé le rôle de press officer des 24 Heures de Spa, je me suis empressé de corriger le palmarès en supprimant de nom de Pierre en ‘74 et ’75!”
Sept ans plus tard pourtant, quand Jean-Michel Martin pouvait devenir recordman après ses succès en ‘79, ‘80 et ‘87, certains medias moins spécialisés citaient toujours Pierre Dieudonné (alors titulaire sur la Ford Sierra Cosworth Eggenberger) comme candidat lui aussi à un quatrième sacre! Lorsque j’ai commencé à travailler au RACB et que j’ai endossé le rôle de press officer des 24 Heures de Spa, je me suis empressé de corriger le palmarès en supprimant de nom de Pierre en ‘74 et ’75! Mais apparemment, ces deux « victoires » de Dieudonné avec Luigi continuent à semer des doutes, au point que même certains magazines de qualité les comptabilisent encore…
Certes, connaissant le fonctionnement des instances sportives, je sais qu’un seul classement fait foi : c’est celui qui est signé en bonne et due forme par les membres du Collège ! Donc, si en ’74 et ’75 le Collège a chaque fois signé un classement où le nom de Dieudonné apparaissait comme 3ème pilote, ce dernier a ‘’droit’’ à ces deux succès, même sans avoir touché le volant de la voiture lauréate ! Si les résultats publiés dans la presse de ces années-là reflètent le plus souvent le verdict exact, c’est seulement dans le palmarès des 24 Heures que l’organisateur – ou une sécretaire inattentive – a chaque fois repris la liste des pilotes qualifiés où Dieudonné figurait comme n°3.

Autre cas interpellant, celui de Dirk Vermeersch. Invité aux 24 Heures 1977 à partager une BMW 530 iUS Juma avec Eddy Joosen et Jean-Claude Andruet. Dirk s’était bien qualifié durant les essais ; mais comme il n’a pas pris le volant en course, seul l’équipage Joosen-Andruet figurait à la 1ère place de la hiérarchie finale. Par contre en ’81, Dirk a bien pris le volant de la BMW Juma #10 en course – il était même 2ème pilote dans ce même équipage – mais à cause d’une sombre histoire, il n’a plus été autorisé à relayer Eddy et Jean-Claude dès le petit matin… et son nom a été supprimé du classement officiel. Sur le net toutefois, on retrouve quand même des classements reprenant à la 2ème place le trio Joosen-Vermeersch-Andruet…